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Supernova e meteore

18 septembre 2012

Può darsi che sia vera soltanto la lontananza.

 

Accade

che le affinità d'anima non giungano

ai gesti e alle parole ma rimangano

effuse come un magnetismo. E' raro

ma accade.

 

Può darsi

che sia vera soltanto la lontananza,

vero l'oblio, vera la foglia secca

più del fresco germoglio. Tanto e altro

può darsi o dirsi.

 

Comprendo

la tua caparbia volontà di essere sempre assente

perché solo così si manifesta

la tua magia. Innumeri le astuzie

che intendo.

 

Insisto

nel ricercarti nel fuscello e mai

nell'albero spiegato, mai nel pieno, sempre

nel vuoto: in quello che anche al trapano

resiste.

 

Era o non era

la volontà dei numi che presidiano

il tuo lontano focolare, strani

multiformi multanimi animali domestici;

fors'era così come mi pareva

o non era.

 

Ignoro

se la mia inesistenza appaga il tuo destino,

se la tua colma il mio che ne trabocca,

se l'innocenza è una colpa oppure

si coglie sulla soglia dei tuoi lari. Di me,

di te tutto conosco, tutto

ignoro.

Ex voto. Montale

 

 

 

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14 septembre 2012

Tristan Corbière l'a-t-il écrit pour nous ?

LE POÈTE CONTUMACE

 


Sur la côte d’ARMOR. — Un ancien vieux couvent,
Les vents se croyaient là dans un moulin-à-vent,

Et les ânes de la contrée,

Au lierre râpé, venaient râper leurs dents
Contre un mur si troué que, pour entrer dedans,

On n’aurait pu trouver l’entrée.


— Seul — mais toujours debout avec un rare aplomb,
Crénelé comme la mâchoire d’une vieille,
Son toit à coups-de-poing sur le coin de l’oreille,
Aux corneilles bayant, se tenait le donjon,

Fier toujours d’avoir eu, dans le temps, sa légende…
Ce n’était plus qu’un nid à gens de contrebande,
Vagabonds de nuit, amoureux buissonniers,
Chiens errants, vieux rats, fraudeurs et douaniers.

— Aujourd’hui l’hôte était de la borgne tourelle,
Un Poète sauvage, avec un plomb dans l’aile,
Et tombé là parmi les antiques hiboux

Qui l’estimaient d’en haut. — Il respectait leurs trous, —
Lui, seul hibou payant, comme son bail le porte :
Pour vingt-cinq écus l’an, dont : remettre une porte. —

Pour les gens du pays, il ne les voyait pas :
Seulement, en passant, eux regardaient d’en bas,

Se montrant du nez sa fenêtre ;

Le curé se doutait que c’était un lépreux ;
Et le maire disait : — Moi, qu’est-ce que j’y peux,

C’est plutôt un Anglais… un Être.


Les femmes avaient su — sans doute par les buses —
Qu’il vivait en concubinage avec des Muses !
Un hérétique enfin… Quelque Parisien
De Paris ou d’ailleurs. — Hélas ! on n’en sait rien. —
Il était invisible ; et, comme ses Donzelles
Ne s’affichaient pas trop, on ne parla plus d’elles.

— Lui, c’était simplement un long flâneur, sec, pâle ;
Un ermite-amateur, chassé par la rafale…
Il avait trop aimé les beaux pays malsains.
Condamné des huissiers, comme des médecins,
Il avait posé là, soûl et cherchant sa place
Pour mourir seul ou pour vivre par contumace…

 

Faisant, d’un à-peu-près d’artiste,
Un philosophe d’à peu près,
Râleur de soleil ou de frais,
En dehors de l’humaine piste.


Il lui restait encore un hamac, une vielle,
Un barbet qui dormait sous le nom de Fidèle ;
Non moins fidèle était, triste et doux comme lui,
Un autre compagnon qui s’appelait l’Ennui.

Se mourant en sommeil, il se vivait en rêve.
Son rêve était le flot qui montait sur la grève,

Le flot qui descendait ;

Quelquefois, vaguement, il se prenait attendre…
Attendre quoi… le flot monter — le flot descendre —

Ou l’Absente… Qui sait ?


Le sait-il bien lui-même ? … Au vent de sa guérite,
A-t-il donc oublié comme les morts vont vite,
Lui, ce viveur vécu, revenant égaré,
Cherche-t-il son follet, à lui, mal enterré ?

— Certe, Elle n’est pas loin, celle après qui tu brâmes,
Ô Cerf de Saint Hubert ! Mais ton front est sans flammes…

N’apparais pas, mon vieux, triste et faux déterré…
Fais le mort si tu peux… Car Elle t’a pleuré !

— Est-ce qu’il pouvait, Lui !… n’était-il pas poète…
Immortel comme un autre ?… Et dans sa pauvre tête
Déménagée, encor il sentait que les vers
Hexamètres faisaient les cent pas de travers.

— Manque de savoir-vivre extrême — il survivait —
Et — manque de savoir-mourir — il écrivait :

« C’est un être passé de cent lunes, ma Chère,
En ton cœur poétique, à l’état légendaire.
Je rime, donc je vis… ne crains pas, c’est à blanc.
— Une coquille d’huître en rupture de banc ! —
Oui, j’ai beau me palper : c’est moi ! — Dernière faute —
En route pour les cieux — car ma niche est si haute ! —
Je me suis demandé, prêt à prendre l’essor :
Tête ou pile… — Et voilà — je me demande encor… »

« C’est à toi que je fis mes adieux à la vie,
À toi qui me pleuras, jusqu’à me faire envie
De rester me pleurer avec toi. Maintenant
C’est joué, je ne suis qu’un gâteux revenant,

En os et… (j’allais dire en chair). — La chose est sûre
C’est bien moi, je suis là — mais comme une rature. »

« Nous étions amateurs de curiosité :
Viens voir le Bibelot. — Moi j’en suis dégoûté. —
Dans mes dégoûts surtout, j’ai des goûts élégants ;
Tu sais : j’avais lâché la Vie avec des gants ;
L’Autre n’est pas même à prendre avec des pincettes…
Je cherche au mannequin de nouvelles toilettes. »

« Reviens m’aider : Tes yeux dans ces yeux-là ! Ta lèvre
Sur cette lèvre !… Et, là, ne sens-tu pas ma fièvre
— Ma fièvre de Toi ?… — Sous l’orbe est-il passé
L’arc-en-ciel au charbon par nos nuits laissé ?
Et cette étoile ?… — Oh ! va, ne cherche plus l’étoile

Que tu voulais voir à mon front ;
Une araignée a fait sa toile,
Au même endroit — dans le plafond. »


« Je suis un étranger. — Cela vaut mieux peut-être…
— Eh bien ! non, viens encor un peu me reconnaître ;
Comme au bon saint Thomas, je veux te voir la foi,
Je veux te voir toucher la plaie et dire : — Toi ! —

« Viens encor me finir — c’est très gai : De ta chambre,

Tu verras mes moissons — Nous sommes en décembre —
Mes grands bois de sapin, les fleurs d’or des genêts,
Mes bruyères d’Armor… — en tas sur les chenets.
Viens te gorger d’air pur — Ici j’ai de la brise
Si franche !… que le bout de ma toiture en frise.
Le soleil est si doux… — qu’il gèle tout le temps.
Le printemps… — Le printemps n’est-ce pas tes vingt ans.
On n’attend plus que toi, vois : déjà l’hirondelle
Se pose… en fer rouillé, clouée à ma tourelle. —
Et bientôt nous pourrons cueillir le champignon…
Dans mon escalier que dore… un lumignon.
Dans le mur qui verdoie existe une pervenche
Sèche. — … Et puis nous irons à l’eau faire la planche
— Planches d’épave au sec — comme moi — sur ces plages.
La Mer roucoule sa Berceuse pour naufrages ;
Barcarolle du soir… pour les canards sauvages. »

« En Paul et Virginie, et virginaux — veux-tu —
Nous nous mettrons au vert du paradis perdu…
Ou Robinson avec Vendredi — c’est facile —
La pluie a déjà fait, de mon royaume, une île. »

« Si pourtant, près de moi, tu crains la solitude,
Nous avons des amis, sans fard — Un braconnier ;

Sans compter un caban bleu qui, par habitude,
Fait toujours les cent-pas et contient un douanier…
Plus de clercs d’huissier ! J’ai le clair de la lune,
Et des amis pierrots amoureux sans fortune. »

— « Et nos nuits !… Belles nuits pour l’orgie à la tour !
Nuits à la Roméo ! — Jamais il ne fait jour. —
La Nature au réveil — réveil de déchaînée —
Secouant son drap blanc… éteint ma cheminée.
Voici mes rossignols… rossignols d’ouragans —
Gais comme des poinçons — sanglots de chats-huants !
Ma girouette dérouille en haut sa tyrolienne
Et l’on entend gémir ma porte éolienne,
Comme chez saint Antoine en sa tentation…
Oh viens ! joli Suppôt de la séduction ! »

— « Hop ! les rats du grenier dansent des farandoles !
Les ardoises du toit roulent en castagnoles !
Les Folles-du-logis…
Non, je n’ai plus de Folles ! »

… « Comme je revendrais ma dépouille à Satan
S’il me tentait avec un petit Revenant…
— Toi — Je te vois partout, mais comme un voyant blême,

Je t’adore… Et c’est pauvre : adorer ce qu’on aime !
Apparais, un poignard dans le cœur ! — Ce sera,
Tu sais bien, comme dans Iñès de La Sierra
— On frappe… oh ! c’est quelqu’un…
Hélas ! oui, c’est un rat. »

— « Je rêvasse… et toujours c’est Toi. Sur toute chose,
Comme un esprit follet, ton souvenir se pose :
Ma solitude — Toi ! — Mes hiboux à l’œil d’or :
Toi ! — Ma girouette folle : Oh Toi !… — Que sais-je encor…
Toi : mes volets ouvrant les bras dans la tempête…
Une lointaine voix : c’est Ta chanson ! — c’est fête ! …
Les rafales fouaillant Ton nom perdu — c’est bête —
C’est bête, mais c’est Toi! Mon cœur au grand ouvert

Comme mes volets en pantenne,
Bat, tout affolé sous l’haleine
Des plus bizarres courants d’air. »


« Tiens… une ombre portée, un instant, est venue
Dessiner ton profil sur la muraille nue,
Et j’ai tourné la tête… — Espoir ou souvenir —
Ma sœur Anne, à la tour, voyez-vous pas venir ?… »

— Rien ! — je vois… je vois, dans ma froide chambrette,

Mon lit capitonné de satin de brouette ;
Et mon chien qui dort dessus — Pauvre animal —
… Et je ris… parce que ça me fait un peu mal. »

« J’ai pris, pour t’appeler, ma vielle et ma lyre.
Mon cœur fait de l’esprit — le sot — pour se leurrer…
Viens pleurer, si mes vers ont pu te faire rire ;

Viens rire, s’ils t’ont fait pleurer… »


« Ce sera drôle… Viens jouer à la misère,
D’après nature : — Un cœur avec une chaumière. —
… Il pleut dans mon foyer, il pleut dans mon cœur feu.
Viens ! Ma chandelle est morte et je n’ai plus de feu… »

*


Sa lampe se mourait. Il ouvrit la fenêtre.
Le soleil se levait. Il regarda sa lettre,
Rit et la déchira… Les petits morceaux blancs,
Dans la brume, semblaient un vol de goëlands.

 

(Penmarc’h — jour de Noël.)
14 septembre 2012

La conspiration des égos

Mon message sur la Pompe à Phynance, en réaction à l'article de Frédéric Lordon.

Je suis médiéviste. Et meilleur paléographe et prosopographe que jongleur de concepts. Et un fichu nominaliste. Je passe trop de temps dans mes minutiers, mes cartulaires et mes registres de plaidoiries pour avoir le loisir de lire autre chose (ce serait, j’en conviens, mieux qu’un loisir : une impérieuse nécessité), mais j’ai toujours grand plaisir à écouter Frédéric Lordon ou à parcourir ses articles.
Mon commentaire n’est qu’une réaction, rien de mieux, rien de plus. J’ai vu dans ces propos sur le complot une interrogation sur la causalité, sur la généalogie, sur la question des origines. Les "conspirationnistes" ne se satisfont pas de l’événement et de sa causalité immédiate ("y a-t-il un pilote dans l’avion ?") et n’apprécient pas davantage l’explication trop limpide ("Lee Harvey Oswald est fou"). Ils ont obscurément la nostalgie de la pluralité, de la versatilité, de la dispersion des événements. Mais dans leur entreprise généalogique, ils confondent souvent la cause et l’effet. Le "is fecit cui prodest" est sans doute l’axiome qui insulte le mieux l’intelligence. Que les faucons de la Maison Blanche aient profité du 11 septembre, ou que castristes et anticastristes aient cru tirer un bénéfice de la mort de Kennedy, voilà des éventualités qui peuvent être débattues, mais qui n’impliquent à aucun moment qu’ils y aient contribué ou qu’ils l’aient même consenti.
Exonérer les "agents du mal" pour s’en prendre aux "structures" qui ont préparé mécaniquement la situation, voilà donc une conclusion légitime. Encore conviendrait-il d’identifier ces "structures", faute de quoi on laissera toujours aux "complotistes" leur grain à moudre, leurs fariboles et leurs miroirs aux alouettes. Et la généalogie de ces structures elle-même me déconcerte un peu. Comme médiéviste, j’ai tendance à accorder trop de place aux causalités profondes, aux responsabilités diachroniques : passage d’une société à honneur à une société à Etat, triomphe de l’individualisme et de l’axiomatique de l’intérêt, déclin des économies de subsistance et essor du protocapitalisme... Le complot désigne à l’origine le rassemblement de la multitude pour une cause commune, la convergence des intérêts : il suppose une synchronie, une volonté, une téléologie qui résiste à l’étude des mouvements de fond (sans jeu de mots). Admettons que le capital contient, prépare et annonce son propre échec (comme d’autres impératifs catégoriques avant lui) : la "structure" qu’il met en oeuvre n’est-elle qu’une circonstance, qu’un moloch sans corps et sans tête ? Y a-t-il cohérence ou simple convergence d’intérêts ?

Sans doute suis-je trop naïf pour imaginer un instant que les mandarins de l’économie orthodoxe, les plumitifs de la presse mondaine, les politiques de cabinet, bref, la classe dirigeante, tiraillée par ses marottes, ses incertitudes, ses contradictions, et désormais privée des garanties de la culture classique et des alibis de l’honnête homme, que cette classe dirigeante, donc, puisse oeuvrer à sens unique. J’ai une confidence à faire. Mon frère, sorti d’HEC, travaille depuis des années au CNRS. Il "fait" de la macroéconomie, et à haut niveau. C’est tout sauf un imbécile, et il n’a pas d’autre ambition que de réfléchir et de travailler (beaucoup). C’est un "insider", pour reprendre les mots de Frédéric Lordon, un "compagnon de route du grand capital", jugeront les hargneux (dont je suis parfois), un "idiot utile", penseront les plus sévères (ça m’arrive aussi). Mais ce qui me frappe, à chaque fois que je discute avec lui des grandes orientations politiques et économiques, c’est le doute qui l’habite. Et ça ne date pas de 2008. Il lit et apprécie Lordon, et d’autres chercheurs hétérodoxes. Mais il cautionne aussi les politiques "austéritaires". Il aime le troc et les traders, la décroissance et l’expansion, le génie créatif et la lutte des classes. Il n’est pourtant ni schizophrène, ni repenti, ni paumé. Il tâtonne. Alors sans doute contribue-t-il, à sa mesure, à la mainmise de la "structure" sur le corps social. Sans doute a-t-il de plus lourdes responsabilités qu’un quidam, et mérite-t-il le goudron et les plumes. Mais ils sont nombreux dans son cas...
Je ne cherche pas à défendre la classe dirigeante, je voulais simplement poser comme postulats 1°) que la "structure" n’est pas surgie ex-nihilo d’un congrès du MEDEF 2°) que ses contradictions internes font sa faiblesse 3°) que la société toute entière, même en ses marges, s’y reflète au moins pour une part, et comme conclusion (provisoire) QU’IL Y A DE LA MARGE (parce qu’en face, il n’y a rien, que la carcasse rouillée et démantibulée d’une "structure" aux abois, et quand je dis en face, je n’oublie pas "la paille et la poutre" et les jeux de miroirs).

13 septembre 2012

Obsolescence...

150

« Les armements, la dette universelle et l'obsolescence programmée sont les trois piliers de la prospérité occidentale. Si la guerre, le gaspillage, et les usuriers sont abolis, vous vous effondriez ». (Aldous Huxley, Île).

 

Mon vieux radio-réveil grésillait, ce matin. Dans un demi-sommeil, j'écoutais l'information du jour: le lancement de la sixième génération d'un téléphone mobile. Je pestais contre la vanité de notre temps, incapable de parler de ce qui fait sens, et contre les machines à décerveler. « Par mon croc à merdre et mon bâton à phynance ! », pensais-je, « six générations depuis le 29 juin 2007, voilà qui fait génération spontanée ! ». Le « cellulare » ne tisse aucun lien, il les rompt. Il porte bien son nom: cellulaire, il enferme, il isole, il éloigne. Il est l'étape ultime du « grand renfermement » (Foucault). Je filais alors déposer les petits à leur école, et sous un rideau de pluie, un timide arc-en-ciel me transporta en Italie, auprès de celle que j'aime. Le photométéore, mieux qu'un téléphone, tramait ainsi notre amour, son arantèle irisée emprisonnant nos deux coeurs dans un tourbillon féérique. Je songeais alors, devant la fragilité de l'arc-en-ciel, vite dissous par les caprices de la bruine, combien ce lien était fugace et trop éphémère, mais moins factice qu'une conversation entre deux portes. Son obsolescence programmée ne me chagrina pas , car on peut en suspendre l'instant, comme un gage d'éternité, et dévotement s'y recueillir, puisque ma tête est encore pleine d'étoiles filantes. Je t'en adresse, mon âme, quelques poussières en suspens, pour fêter l'ouverture de ce petit carrefour.

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